الأربعاء، 19 ديسمبر 2012

Conseiller en Développement Durable et Management Responsable



Conseiller en Développement Durable et Management Responsable

Auteur : Mustapha Taoumi

La PME marocaine face aux enjeux du développement durable et de la mise à niveau : Contribution à la mise en place d’une démarche volontariste relative la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE) *
Introduction
Représentant plus de 95 % de notre tissu industriel, employant plus de 60 % des salariés du secteur privé et étant à l’origine de plus de 50 % des investissements privés nationaux, les Petites et Moyennes Entreprises (PME) marocaines jouent un rôle de premier plan dans l’économie marocaine et peuvent ainsi contribuer efficacement à stimuler la croissance économique du pays.

Cependant, la PME au Maroc est confrontée à un certain nombre de défis. D’un côté elle est menacée par la rentrée en vigueur d’un certain nombres d’accords de libre échange, d’un autre, elle doit se conformer aux nouvelles exigences dictées par la communauté internationale et les différentes parties prenantes en matière de développement durable(DD).

Dans ce cadre, les pouvoirs publics, en concertation avec les parties concernées, ont mis en place un certain nombres de mesures et mécanismes à même d’aider ces entreprises à mieux dépasser ces contraintes notamment en matière de mise à niveau. En effet, et devant l’approche des échéanciers des différents accords de libre échange, en particulier ceux signés avec l’UE et les Etats Unis, il a été jugé nécessaire d’accélérer le rythme des différentes réformes entreprises au niveau du système économique national et en particulier celles liées à la mise à niveau de la PME.

Paradoxalement, il a été constaté que les enjeux du développement durable ne sont pas ou peu pris en compte dans cette stratégie qui se veut d’ailleurs globale et intégrée.

Cette situation peut porter préjudice à l’économie marocaine et en particulier à la PME, maillon faible de notre tissu économico-industriel. Les effets de la mondialisation et la montée en puissance des revendications de la société civile sont autant de facteurs qui vont agir tôt au tard sur les décideurs afin de mieux prendre en compte les enjeux du développement durable. La Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE), l’équivalent de la Corporate Social Responsibility (CSR) en anglais, un des piliers de la philosophie du développement durable peut contribuer efficacement à atteindre ces objectifs.

Aujourd’hui, la mise en application par les pouvoirs publics d’une réglementation relative à la RSE pourra s’avérer contraignante et coûteuse pour le secteur privé en cours d’ailleurs de mise à niveau.

Pour réussir ce challenge, les principales parties concernées en particulier l’Etat et les entreprises pourront prendre l’initiative et proposer dans le cadre du plan de mise à niveau de la PME, la mise en place d’actions volontaristes en matière de Responsabilité Sociale de l’Entreprise. A l’heure actuelle, quelques initiatives timides sont lancées ici et là mais aucun programme structuré et intégré n’est à l’ordre du jour.

Il s’agit concrètement d’étudier la faisabilité de la mise en place d’une démarche volontariste liée à la responsabilité sociale de l’entreprise et ce dans le cadre des enjeux du développement durable et en prenant en considération les différentes expériences menées au profit de la PME marocaine.

Pour arriver à notre objectif nous avons été amené à proposer une méthodologie de recherche et d’analyse orientée vers l’exploitation des travaux déjà réalisés sur des thématiques proches de la notre. Cette démarche nous a été dictée pour deux principales raisons : le manque d’informations sur la thématique de la PME et de la RSE notamment au niveau du Maroc et le manque de moyens et de temps nécessaires pour réaliser des sondages et des enquêtes sur le terrain.

Le travail réalisé a été scindé en deux parties distinctes mais complémentaires :

A. La première partie a été consacrée à l’ analyse de la situation actuelle de la PME marocaine et ce en en se basant sur quelques données tirées de la littérature.
Dans ce cadre, nous avons analysé d’une manière critique et ciblée, les résultats obtenus par deux programmes phares destinés à renforcer les capacités concurrentielles et de développement des PME. Il s’agit du programme de mise à niveau de l’entreprise et du programme de promotion de la bonne gouvernance, programmes pour lesquels les principaux acteurs ainsi que les partenaires stratégiques du Maroc attendent des résultats tangibles tant les attentes et les enjeux sont importants
B. La deuxième partie a été axée sur l’analyse de faisabilité d’une stratégie d’action destinée à mettre en œuvre un programme de promotion encourageant et incitant les PME à s’engager dans une politique globale de développement durable.
Sur ce plan, il a été pris en considération d’une part, les résultats d’une analyse forces-faiblesses qui a été abordée en fonction des spécificités du secteur et de son environnement socio-économique, et d’autre part, les rôles qui devront être joués par les différentes parties prenantes.
Enfin la stratégie proposée a été présentée sous forme d’un plan d’action composé des principales activités identifiées comme étant prioritaires. Une attention particulière a été aussi portée sur les conditions optimales et minimales à assurer pour garantir la réussite d’une telle entreprise

A. Analyse de la situation actuelle de la PME marocaine
Dans cette première partie de l’étude, et après une description du tissu des PME marocaines, nous avons essayé de dresser une sorte de bilan qualitatif des différentes réformes engagées au profit de l’entreprise au Maroc et en particulier celles destinées à la PME.

Sur la base des éléments analysés, nous avons constaté que les réformes entreprises au profit des entreprises marocaines touchent principalement la mise à niveau économique en se basant sur les réformes structurelles entreprises au niveau de l’économie marocaine dans son ensemble.

A cet égard nous avons identifié deux programmes qui nous paraissent importants tant par leurs impacts attendus que par leurs démarches. Il s’agit d’une part, du programme de mise à niveau de l’entreprise, et d’autre part, du programme de promotion de la bonne gouvernance d’entreprise.

Après une description détaillée de leurs composantes, nous avons cherché à analyser les points forts de ces programmes mais aussi les freins qui handicapent leur l’avancement. Aussi, il a été jugé utile d’étaler d’une manière exhaustive les recommandations proposés par les différents intervenants.

Les constats de base qui ressortent de ces éléments d’analyse sont les suivants :

1-    Les programmes objet de notre analyse ont montré qu’il est possible de mobiliser les parties concernées tant publics que privés autour de problématiques qui touchent principalement l’entreprise marocaine en particulier la PME. Ceci dénote la présence d’une grande sensibilité et une prise de conscience majeure concernant cette composante importante de notre économie. Les moyens mis en œuvre et la qualité des actions entreprises confirment cette volonté et montrent qu’il est possible de mobiliser les principales ressources pour atteindre des objectifs qualitatifs.
2-   Un certain nombre de composantes des programmes analysés ont des similitudes tant au niveau de la nature de l’action qu’au niveau du contenu. De même, nous avons identifié des composantes qui font même partie des actions prévues dans le cadre des démarches RSE. Il s’agit plus particulièrement des aspects liés à l’éthique dans les affaires, la protection de l’environnement et le développement des ressources humaines. Cela monte qu’il est possible de monter des programmes intégrés touchant l’ensemble des reformes tout en pratiquant les concepts du développement durable. Toutefois, le développement durable est un concept global touchant l’ensemble des secteurs de l’économie, de ce fait cette approche d’intégration horizontale des réformes devra être débattue et initiée à un niveau plus élevé de la hiérarchie institutionnelle.
3-  La coopération internationale joue un rôle important dans ce genre de démarches à vocation réformatrices. En effet, la mobilisation des partenaires stratégiques en particulier les pays amis, peut s’avérer indispensable vu l’importance des enjeux qui vont souvent au delà des frontières nationales. Dans ce cadre, nous avons constaté que les fonds de la coopération internationale ont été destinés à financer uniquement les composantes techniques, financières et institutionnelles de la mise à niveau au détriment des aspects sociaux et environnementaux (a part la création d’un centre de production propre et l’élaboration de quelques études d’impact sur l’environnement). Ce constat montre que les organismes de coopération pratiquent un double discours ; d’un côté on essaye de promouvoir les concepts du DD au niveau des instances internationales mais d’un autre on les négligent ou on les contournent quand il s’agit d’actions de coopération bilatérales.

Cette approche un peu étroite du partenariat risque cependant de se heurter à des problèmes majeurs dans l’avenir vu l’accélération des tendances au niveau mondial qui militent en faveur d’un développement durable et respectueux de notre planète et dont l’entreprise joue un rôle de plus en plus important. Par ailleurs, les pouvoirs publics marocains ont aussi une part de responsabilité car il serait peut être impossible de la part des instances de coopération et des bailleurs de fonds d’imposer certaines règles si la partie concernée juge que certaines actions ne sont pas pour le moment indispensables ou plutôt prioritaires.

·      Les problèmes majeurs évoqués au niveau de la mise en œuvre de ces programmes touchent en grande partie les chefs d’entreprises et leur modes de gestion et de perception des enjeux. De ce fait, les recommandations proposées insistent beaucoup sur les aspects liés à la sensibilisation, la formation et la promotion des démarches et des concepts au profit des chefs d’entreprises. A notre avis le problème majeur reste au niveau de la spécificité de la culture de l’entreprise marocaine. Cet handicap reste malheureusement insoluble pour bien des cas surtout quand il s’agit d’un processus de changement avec des composantes innovatrices et transparentes.

Ce dernier point nous parait essentiel car il serait illusoire de chercher à réussir des réformes si la partie concernée n’est pas prête et engagée. Sur cet aspect, et dans le but de mieux cerner les différentes facettes de cette problématique, il a été constaté que la population des PME n’est pas homogène et peut être classée en 3 catégories : „les PME structurées qui sont tournées vers l’export ou positionnées dans des secteurs à haute valeur ajoutée. Cette catégorie est en générale très soucieuse de sa performance et cherche à se positionner et à se renforcer pour rester compétitive sur les marchés étrangers. Ces PME performantes peuvent être prises comme indicateur de bonne conduite au niveau des programmes de promotion. „les PME/PMI à mi-chemin entre les secteurs formel et informel. Elles représentent 30 à 45% de la population étudiée. Cette catégorie devrait constituer la cible privilégiée de toute nouvelle démarche en l’occurrence la RSE. „la troisième catégorie englobe les très petites entreprises (TPE). Elles sont les plus nombreuses (50% des PME) et jouent un rôle social important. Cette catégorie qui requiert un traitement spécifique devra aussi être prise en considération dans toute nouvelle démarche car le développement de notre tissu économique doit être global et homogène.

Comprendre donc les spécificités de notre entreprise et son environnement constitue un préalable pour toute tentative de mise en œuvre de nouvelles initiatives destinées à développer sa performance et sa compétitivité.
B. Proposition d’une stratégie de promotion de la RSE

Au niveau de la thématique RSE, il ne s’agit pas aujourd’hui de montrer l’utilité et les bienfaits de cette approche mais le véritable enjeu réside au niveau de comment, quand et avec quoi on devra procéder pour initier, promouvoir et développer cette démarche au sein d’une communauté d’entreprises. Il s’agit aussi d’analyser cette même démarche qui vient “d’ailleurs” pour savoir si notre cible pourra l’accepter ou non et quelles sont les véritables entraves qui peuvent freiner une telle initiative.

Nous avons cherché ainsi à aborder notre sujet en se basant sur les points forts et les points faibles des quatre aspects suivants :

Ø les programmes de mise à niveau et de sensibilisation développés au profit des PME marocaines.
Ø les caractéristiques intrinsèques des PME et leur modes de gestion et de perception des enjeux.
Ø Les différents aspects de la RSE ainsi que les différentes démarches mises en œuvre au niveau mondial

-     Les rôles joués par les différentes parties prenantes.

En essayant de remplir cette matrice, nous avons obtenu les résultats suivants :
La PME marocaine est sensible à la RSE mais elle n’est pas prête pour initier à elle seule des actions dans ce domaine ;
-     La RSE, concept en quête d’universalité n’est pas transposable dans toutes les situations et doit donc être corrigé et adapté en fonction des contextes et des situations ;
-     Les programmes de développement destinés aux entreprises quand ils sont prioritaires pour les uns et les autres, trouvent toujours preneur et des synergies sont vite enclenchées ;
-     Les parties prenantes en particulier les pouvoirs publics et le secteur privé sont en phase d’attente mais c’est à l’Etat avec l’aide probable de la coopération internationale de déclencher le processus.

1.     Concrètement, nous avons proposé une stratégie d’action articulée autour :
2.   d’un programme de promotion de la RSE au sein de la PME marocaine qui s’articule autour des principaux axes suivants :

a.   Une implication d’un maximum de parties prenantes et la mise en place d’un dialogue responsable et de qualité établi entre elles.
b.   Une décision consensuelle sur les objectifs souhaitables et réalistes et les étapes pour les atteindre.
c.    Une dynamique de long terme basée sur un model évolutif et dynamique avec une mise en perspective par rapport aux models occidentaux tout en cherchant à les adapter au contexte local.
d.    Un programme de sensibilisation, de formation et de communication au profit des principaux acteurs de la RSE et ouvert à toutes les composantes de la société.
e.    Une implication de l’entreprise entière (management system) et non pas uniquement au niveau du top management.
f.   Un contrôle externe indépendant, compétent et fiable.

-     d’une répartition des rôles au niveau des principaux acteurs potentiels de la RSE.Il s’agit précisément :
a.   des pouvoirs publics pour initier, promouvoir, développer et réglementer la RSE.
b.   du secteur privé pour participer, contribuer et lancer des actions concrètes de RSE.
c.    des bailleurs de fonds pour mettre en place des financements adaptés et contribuer au lancement d’opérations pilotes.
d.    des organismes de coopération internationale pour encadrer, financer et développer les premières actions tant au niveau de la mise en place d’un programme national qu’au niveau de l’entreprise.

-     Des moyens de suivi et de vérification pour garantir la réussite du programme parmi lesquels on peut citer :
a.   La mise en capacité des parties publiques et privées d’exercer une surveillance efficace avec intervention d’un tiers externe, vérifiant les données fournies.
b.   La diffusion d’une information qualitative et quantitative suffisante et fiable.
c.    Des menaces crédibles et des pénalités individualisées en cas de non-respect des conditions par les PME.

Enfin et pour fédérer l’ensemble de ces actions, nous avons proposé la création d’un Observatoire National du Développement Durable (ONDD) qui pourrait être chargé du suivi et de l’analyse de l’évolution des différentes thématiques liées au DD y compris la RSE. Aussi, la mise en réseau des différents observatoires à l’échelle de la planète pourra faciliter l’émergence d’une philosophie RSE capable de défier tous les obstacles y compris ceux liés à la culture.
Pour la suite de ce travail, il est proposé de mettre au point un modèle de pénétration de la RSE au sein de la communauté des PME marocaines. Ce modèle devra être testé et vérifié dans des conditions réelles d’utilisation. Des indicateurs et des paramètres de mesure des performances, vérifiant les données fournies, devront être également proposés et mis en exergue non seulement pour les PME mais également pour l’ensemble des parties prenantes. Car à notre sens la RSE est la responsabilité de tous et chaque partie à un rôle à jouer. En fait la RSE est un concept global avec une implication multi-partenariale. On parlera ainsi d’une RSPP (Responsabilité Sociale des Parties Prenantes)
Mustapha Taoumi
Dr en Energétique Electrochimique INP Grenoble Master Sciences du Management, Université de Corte, France
(*) Mémoire de Master Sciences du Management, Université de Corte, France, décembre 2005



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