Rôle des ONGs dans le développement rural au
Maroc
Article publié sur : www.Tanmia.ma
Auteur : ellouaziri hafida
Le contexte international est
marqué par l’adoption unanime des principes d’un développement territorial et
participatif dans les pays en développement. Au Maroc ce contexte coïncide,
d’une part, avec une volonté réelle de renforcer le rôle des collectivités
territoriales et l’inscription de la décentralisation administrative dans le
cadre de la régionalisation, et d’autre part la marge de manœuvre finalement
permise aux organisations de la société civile. Dans ce contexte, ce sont
développées les associations de développement local. Le plus spectaculaire est
leur prolifération dans le milieu rural. Dans un élan spontané de développement
les associations, les champs d’action ce sont multipliés et la taille et les
moyens sont très variables mais leur contribution au développement et les
conditions de leur durabilité méritent d’être démontré.
Dans notre étude nous nous sommes
intéressés à l’analyse de ces associations qui interviennent sur le terrain,
auprès de la population locale. Notre question principale porte sur les aspects
de la contribution de ces organisations au développement territorial de la
province de Ouarzazate. Celle-ci se caractérise par l’aridité de son climat,
son éloignement des centres de décisions et la précarité des conditions de vie
de sa population.
Pour répondre à cette question il
fallait identifier ces associations, leurs conditions d’émergence et
d’évolution ainsi que les activités et les projets qu’elles ont réalisées afin
d’apprécier leurs apports aux territoires et à la population. L’analyse des
données a révélé l’existence d’associations qui ont pour finalité de rendre
service aux adhérents, notamment les associations féminines à travers les
groupements en vue de développer des activités génératrices de revenus et les
associations villageoises (en général masculines) pour l’insertion des projets
d’infrastructures. Celles-ci agissent au niveau local à savoir le douar ou à la
rigueur quelques douars des alentours. La deuxième catégorie d’associations que
l’on a dénommé associations relais ou intermédiaires a pour objectifs de
participer au développement territorial global avec la vocation de rechercher
des financements et l’apport de projets. Elles interviennent dans le secteur
d’irrigation, la palmeraie, de la commune ou dans quelques provinces.
L’analyse structurelle et
fonctionnelle permet de conclure que les ADL dans la zone d’étude sont
récemment crées. La majorité a moins de dix ans. Les plus dynamiques et les
mieux organisées, d’entre elles, sont celles qui sont parrainées par une ONGs
internationale ou créées dans le cadre de projets ou de programmes de
développement. Ces dernières ont hérité de moyens et de savoirs- faire non
négligeable leur permettant d’assurer l’encadrement des autres associations et
des organisations communautaires. Elles disposent de structures permanentes et
fonctionnent de façon professionnelle elles sont très peu nombreuses.
Les associations étudiées sont
récente mais elles ont hérité de l’expérience des autres associations comme les
associations des parents d’élèves, des usagers d’eau agricole et celles
relatives à la gestion des équipements d’eau potable, grâce à leurs fondateurs
qui font partie le plus souvent du corps de l’éducation nationale. Les
associations locales font impliquer toutes les compétences
socioprofessionnelles et intellectuelles locales. Toutes les générations
contribuent à ce dynamisme. Les jeunes de 25 à 45 ans constituent la population
la plus représentée. Les plus âgés sont plus réticents, peut être parce
qu’elles perçoivent ce mouvement comme une menace pour les institutions
traditionnelles. Les femmes sont en général incitées à se grouper, autour de
petits projets générateurs de revenus le plus souvent agricoles ou quelques
fois artisanaux. Désormais, elles prennent l’initiative et procèdent à la
recherche des partenariats et des financements pour les projets qu’elles
choisissent.
Les femmes rurales ont montré
leur capacité à gérer et innover malgré leur analphabétisme. Les plus
instruites se regroupent pour se mobiliser au service de leurs consœurs des
localités enclavées, par l’apport des projets et la recherche des financements
et des partenariats : C’est une nouveauté dans la région.
Les associations étudiées
affichent une série d’objectifs allant dans le sens de satisfaction des besoins
prioritaires de la population, l’amélioration des conditions de vie et de la
protection de l’environnement. Les projets et les actions les plus importants
sont souvent réalisés dans le cadre de la mise en œuvre des projets cofinancés.
Hors de ce cadre, les initiatives sont nombreuses mais leurs réalisations sont
très faibles, quand même elles sont intéressantes. En l’absence de financement,
les associations sont obligées de réfléchir aux potentialités locales même si
au début elles s’insèrent dans des actions caritatives, de sensibilisation et
d’alphabétisation.
Malgré leurs faiblesses, les
associations expriment une volonté ardue à faire partie du changement par en
s’insérant dans la communauté, à participer à la réalisation des programmes
publics, à rechercher des partenariats mais aussi à lancer des appels à la
solidarité. Les ressortissants qui vivent à l’étranger, Les cadres de l’Etat ou
les entrepreneurs des villes avoisinantes contribuent aussi à la réalisation de
toutes ces volontés.
L’intervention des ONGs au niveau local n’est pas toujours perçue
positivement. Elle est soupçonnée d’être à l’origine de la régression du
bénévolat au niveau local. La population voyant l’argent drainer, et n’en
profitant pas directement, pense être manipulée par les leaders associatifs. De
leurs côtés ces leaders cherchent l’affirmation à travers la recherche des
partenariats étrangers tout en restant susceptibles à l’égard des associations
homologues et l’administration. Les rares tentatives de réseautage qui n’ont
pas échoué ne sont pas encore opérationnelles.
Les ONGs internationales ainsi
que les autres institutions offrent des opportunités de financement pour des
projets. A l’heure actuelle, et ce malgré les contraintes, on peut dire qu’un
acteur social est entrain d’émerger. Sa dynamique sociale est palpable mais il
est loin de provoquer des changements économiques. Les volontés sont là mais
les besoins sont flagrants en matière de financement, de formation et de
renforcement des capacités de gestion et de management des projets.
Malheureusement le concept du droit au développement n’est pas encore mobilisé
sur le terrain et une autonomisation des populations et des organisations n’est
pas à l’ordre du jour. L’Etat est encore loin de la mise en œuvre de son
discours sur la véritable implication de tous les acteurs au développement et
leur participation à la prise de décision sur la base de négociations et de
concertation.
Auteur :
ellouaziri hafida
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