Les Activités Génératrices de Revenus (AGR)
Une démarche de terrain
L’objectif de cet article est
d’apporter de l’aide technique à toutes les associations travaillant dans le
domaine du développement rural. Notre souci est d’initier les associations sur
l’approche méthodologique pour identifier, formuler et réaliser une Activité
Génératrice de Revenus (AGR). En outre il ne s’agit par d’une recette et/ou
méthode typique et standard à utiliser d’une manière classique mais il s’agit
là, au moins, de donner un éclairage global sur la démarche méthodologique.
En revanche, le développement
d’activités économiques génératrices de revenus est reconnu par tous comme
étant la clé de la relance des zones rurales du pays. En effet, les expériences
au Maroc ont donné de très bons résultats. D’une part, elles ont permis de déclencher
un dynamisme et un processus de développement au niveau des localités
concernées par ces actions, d’autre part elles ont été un moyen de stimulation
de la motivation et de l’intégration de la population dans les projets de
développement. Le cas concret est celui des projets de mise en valeur en Bour.
En effet, le démarrage des actions génératrices de revenus avant le projet PMVB
ont permis une adhésion quasiment totale de la population au projet.
En d’autre sorte la
flexibilité et les modalités de réalisation des AGR ont permis de gagner la
confiance et l’adhésion de la population. Autrement dit, c’est un gain de la
crédibilité de l’administration elle-même.
D’une manière globale
l’objectif noble des AGR est l’amélioration des conditions de vie
socio-économiques des populations. En partant du postulat que les populations
vulnérables prennent ces initiatives de développement, elles vont contribuer à
l’émergence d’une société civile responsable et dynamique capable de définir et
de formuler ses propres orientations et d’utiliser les dispositifs
institutionnels existants comme les communes rurales, les municipalités, les
services techniques et les ONG. La finalité est d’inverser le processus actuel
intervenant extérieur/population locale et de donner ainsi une place centrale à
ces populations aux structures qu’elles mettent elles-mêmes en place.
En l’occurrence, la finalité
de toute AGR est le développement local durable dans toutes les localités de la
nation, par l’amélioration de la situation économique et sociale des
groupements de la population. Cela, ne peut se faire qu’a travers :
La constitution des " groupes
organisés et/ou groupe d’intérêts" susceptibles et capable de mettre en
place et de gérer collectivement une activité génératrice de revenus ;
Le développement de nouvelles
ressources économiques dans la production, la transformation et la
commercialisation des produits (agriculture, élevage, et artisanat) ;
Le renforcement des capacités de
gestion et d’organisation collective des groupes concernés à travers la
formation.
Cependant nous proposons une
démarche méthodologique qui permettra aux acteurs travaillant dans le domaine
de bien mener et de finaliser une AGR. L’objectif de cette démarche est de
donner une meilleure valeur ajoutée d’une AGR autrement dit, permettre une
meilleure présentation d’une fiche de projet « AGR ».
Notre démarche s’articule
autour des axes et points clés suivants :
Identification de la population
cible
Il s’avère que c’est l’un des
points les plus difficiles à approcher en matière d’animation de terrain,
autrement dit : c’est l’unité de base de tout diagnostic de terrain. En
effet, on trouve parfois dans une zone d’intervention (terroir, douar) une
population qui est très élevée, et la question se pose de trouver nos
interlocuteurs pour identifier leurs les besoins et priorités. De ce constat, nous
proposons les options suivantes :
Atelier de sensibilisation et de
communication
C’est la première étape qui
permettra d’avoir une idée sur la population de la zone, en effet cet atelier
de sensibilisation sera organisé auprès d’une population plus large en présence
de toutes les parties prenantes (les autorités locales et les représentants des
communes rurales, et des associations et coopératives etc.
Cet atelier aura un double
objectif :
Expliquer la philosophie, les buts,
les finalités, et les démarches participatives d’une AGR ;
Commenter la coopération et les
types de données à solliciter des différents partenaires d’une AGR.
En outre lors de ces ateliers
nous souhaitons la présence de l’ensemble des habitants afin de comprendre la
situation de la zone, ses problèmes, ses atouts, ses contraintes, et les
attentes. En suite selon les types d’actions proposées on aura des groupes
d’intérêt ou groupement de population.
Etant donné, que le Maroc a connu
l’émergence de plusieurs associations et coopératives de développement au
niveau de chaque douar (organisations formelles), et n’oublions pas aussi la
notion de « jmaâ » qui existe encore, et qui joue toujours son rôle
comme auparavant. Ces deux derniers peuvent être nos interlocuteurs.
Au niveau des périmètres de la PMH
, la présence des Associations des Usagers d’Eau Agricole (AUEA), nous
facilitera la tâche sinon on travaillera avec les groupes d’intérêts, c’est à
dire les bénéficiaires des eaux d’irrigation.
Diagnostic participatif (DG)
En fait, le diagnostic
participatif est le noyau dur de la philosophie de l’identification des AGR.
C’est l’étape la plus importante, elle mérite beaucoup d’attention afin de
répondre correctement et concrètement aux besoins et priorités des populations et
des attitudes prévisibles face à l’avenir et leur développement.
Le DG est basé sur une
approche participative basée sur le concours d’une participation et
concertation de tous les intervenants.
Les diagnostics dans le cadre
de l’identification des AGR doivent toucher l’ensemble des populations à
savoir, la composante femme et les jeunes, tout en appliquant l’homogénéisation
des groupes d’intérêt selon la nature de l’action.
Ces diagnostics sortent de
l’ordinaire, étant donné qu’ils traitent tous les aspects liés à la vie des
populations concernés, il s’agit de :
Eléments
d’identification : localisation, superficie de la zone d’action,
ressources en eau et milieu socio-économique.
Eléments caractérisant la mise en
valeur agricole et pratique de l’élevage, système de culture et système
d’élevage.
Eléments sur les infrastructures
d’irrigation existants : ouvrage de mobilisation et de distribution de la
ressource, état des infrastructures.
Les infrastructures de base (accès,
eau potable, électrification.....) ;
Les infrastructures
socio-économiques disponibles et leur état (lieu, qualité,
éloignement...) ;
Les effectifs, la composition du
cheptel et ses modes de conduite ;
Les modes d’approvisionnement en
moyens et facteurs de production et circuits de commercialisation des produits
agricoles ;
Rôle de la femme dans la société
(approche genre).
Pour arriver à ces objectifs
l’approche participative utilisée dans le cadre de l’élaboration des AGR se
veut participative en assurant un cadre de communication participative pour
identifier et élaborer avec la population un plan d’action concerté, négocié et
validé par l’équipe d’animation.
Identification des actions
L’identification des actions
doit être menée auprès d’une population la plus large et la plus représentative
possible (vieux, jeunes, femmes, etc.) et doit aboutir à une définition
préliminaire des opérations relatives à chaque composante (agriculture,
élevage, tourisme, artisanat etc.
Ajoutons que, lors de
l’identification des actions une panoplie d’outils participatifs doivent être
exploités au niveau du terrain, à savoir : le brainstorming, les arbres de
problèmes, les transepts, les cartes, AOV l’analyse des objectifs et variantes
etc.
Il est à noter que les résultats
d’identification devront être synthétisés pour chaque AGR dans une fiche (fiche
action) présentant l’ensemble des données collectées et plus particulièrement
le programme d’action et le coût des travaux correspondant.
Propitiation des actions
A plusieurs stades de la
préparation des AGR, il faudra établir des « listes » classant les
problèmes, les besoins, les actions, les options ou variantes, etc. en fonction
des priorités des populations.
Or, au cas où la
hiérarchisation des problèmes, actions, options ou variantes ne sont pas
réellement évidentes, il conviendra de choisir une méthode de classement
permettant d’aboutir à un choix réellement fondé.
Les 2 principaux aspects d’un
tel choix fondé concernent la prise en compte effective de/des :
différents critères sous-jacents aux choix
faits ;
l’avis des différents acteurs
ou groupes d’acteurs concernés.
Différentes méthodes de
classement existent, qui répondent plus ou moins bien à l’une ou l’autre de ces
deux considérations. Le choix d’une méthode appropriée de classement est
d’autant plus crucial que les enjeux des choix sont importants.
Formulation des actions
La succession des étapes
n’était pas mécanique. Le caractère itératif de l’approche participative lui
donne une grande flexibilité pour passer d’une étape à l’autre.
Chaque étape doit être suivie
par des restitutions en salle en présence de toute l’équipe d’animation dans
l’objectif d’apprécier la masse d’informations disponibles et d’évaluer l’état
d’avancement. C’était aussi l’occasion de faire le point avec les différents
partenaires concernés sur la faisabilité des actions identifiées.
En effet le but de cette
phase consiste à une programmation et intégration des différents AGR dans un
plan d’action global à l’échelle de chaque zone d’action. En outre une fois
l’AGR restituée, finalisée, et programmée selon un calendrier annuel, elle sera
présentée lors d’un atelier ouvert aux partenaires pressentis.
Etude de faisabilité
En général la finalité de
l’étude de faisabilité et de justifier l’évolution de la situation de référence
(sans AGR) qui permettra ensuite le calcul de la valeur ajoutée additionnelle.
L’objet de cette étude est de
faire en sorte que les options de développement envisagées dans chaque AGR
soient rationnelles du point de vue économique et que leurs conséquences sur
l’environnement soient reconnues suffisamment tôt dans le cycle du projet pour
être prises en compte dans sa conception finale.
Etablissement des fiches actions
Le but de cette phase
consiste à une programmation et intégration des différentes actions dans un
plan d’action global à l’échelle de chaque zone d’action. En outre une fois
l’AGR restituée, finalisée, et programmée selon un calendrier annuel, elle sera
présentée lors d’un atelier général ouvert aux partenaires pressentis.
Etablissement des contrats
programmes
Les contrats programmes
élaborés doivent se prononcer clairement sur les aspects de la faisabilité
technique, économique, institutionnelle et organisationnelle.
Au terme d’un processus
d’itération, les contrats programmes, pourraient prendre la forme d’une matrice
multicritère (en termes financier, économique, social et environnemental).
Notons bien que les contrats
programmes établies comprendrons les aspects suivants :
Les types d’actions
Le montant de l’enveloppe
financière
L’origine du financement
Les modalités d’exécution
Le calendrier de réalisation
En effet chaque opération
figurant dans la séquence d’actions du contrat programme pluriannuel fera
l’objet d’un contrat à durée déterminée et objet unique.
C’est pourquoi chaque contrat
établi doit mentionner les éléments suivants :
Ø Le
type de la convention ;
Ø Le
groupe social concerné ;
Ø L’objectif
de l’opération concernée par la convention ;
Ø Les
partenaires d’exécution et de financement possible ;
Ø Le
lieu, les modes et les scénarii de réalisation ;
Ø Le
calendrier de réalisation de chaque activité ;
Ø Enveloppe
budgétaire, type de financement ;
Ø Coûts
prévus ;
Ø Contributions
des partenaires de la convention
Méthodologie d’approche
Etapes Objectifs
Résultats attendus Outils utilisés
Travaux Préparatifs
Ø Etude
et exploitation des données sur la zone d’action. Les données sur le douar ou
terroir sont réajustées et constituent une base pour entamer la planification
Ø Document
pré diagnostic
Ø Concertation
pour réviser les limites du terroir du douar.
Ø Visite
de certains douars
Ø Réunion
Ø Préparation
des outils et supports d’animation et de collecte de l’information
Ø Les
outils et les techniques de collecte de l’information sont élaborés
Ø Réunion
de l’équipe
Ø Information
et sensibilisation de la population sur le projet (objectifs, stratégies,
contenu technique)
Ø L’adhésion
de la population est acquise
Ø Ateliers
Ø Diagnostic
Participatif
Diagnostic :
Ø Analyse
de la situation actuelle de la zone : (potentialités/ contraintes /
environnement socioéconomique
La zone est
délimitée et analysée
Cartes entretien
semi structuré, réunions de groupe, enquête douar profil historique
Ø Identification
des besoins et attentes de la population
Les activités de
développement sont identifiées et étudiées
Matrice des
problèmes / solutions / activités
Ø Analyse
de la faisabilité technique et socio-économique des activités proposées par la
population
Les devis
estimatifs et les fiches techniques des activités sont élaborés
Ø Enquête
technique et socio-économique des activités
Elaboration des
devis estimatifs
Ø Restitution
Analyse des
données du diagnostic participatif
Présentation des
résultats du diagnostic participatif
Hiérarchisation
des activités
Les résultats du
diagnostic participatif sont validés avec la population
Les activités
prioritaires sont convenues
Réunion
Matrice de
classification préférentielle des activités et priorisation
AOV
Ø Programmation
Définition des
actions retenues
Répartition des
budgets
Elaboration du
calendrier de réalisation des AGR. Les AGR sont élaborées.
Technique des
trois affiches
AOV
Ø Restitution
finale
Validation des AGR
Accord sur les modalités de
réalisation. Le procès verbal de restitution est établi et signé Réunion en
plénière Elaboration des AGR/ contrats programmes
Documentation des travaux de
la planification participative Les AGR sont élaborées. Grille d’exploitation
des données
Contrat programme